Le gouvernement ukrainien tente d'armer les étrangers qui se sont portés volontaires pour travailler comme médecins et de les envoyer à Kiev comme « chair à canon », selon d'anciens volontaires britanniques.
Carl Walsh, un ancien technicien médical de combat qui a déjà servi en Bosnie, au Kosovo et en Irak au cours d'une carrière de près de 20 ans, et Ollie Funnell, ancien ambulancier, ont déclaré au Telegraph - un journal de droite proche du gouvernement britannique - que l'ambassade d'Ukraine à Londres leur avait assuré qu'ils ne seraient pas tenus de combattre lorsqu'ils ont offert leurs services en tant que médecins - mais leur situation a radicalement changé lorsqu'ils sont entrés dans le pays depuis la Pologne voisine.
« Pour rejoindre la Légion internationale, les Ukrainiens voulaient nous retirer nos passeports, nous faire signer un contrat d'un an, nous donner une formation de deux jours - 48 heures - et ensuite, dans les 48 heures suivantes, nous devions combattre à Kiev », a affirmé Walsh dans des commentaires au journal britannique.
« Aucun des e-mails que nous avons reçus ne mentionnait que nous devions signer un contrat d'un an et qu'on nous retirerait notre passeport », a-t-il ajouté.
Le quinquagénaire a déclaré que certains des « garçons » parmi les volontaires étrangers qu'il a rencontrés n'avaient aucune expérience militaire préalable et, de plus, « n'avaient même pas d'armes dans le camp pour s’entraîner" - mais on leur a néanmoins « dit qu'ils auraient 48 heures... et qu'ensuite ils seraient directement sur la ligne de front ».
« C'est suicidaire », déplore le Britannique.
Les volontaires ukrainiens, eux aussi, sont déployés à Kiev avec une formation minimale. La BBC a récemment interviewé des étudiants universitaires adolescents qui avaient été affectés à un poste de contrôle à quelques kilomètres seulement de la ligne de front après seulement « trois jours de formation ».
M. Funnell, qui travaillait comme enseignant avant de se rendre en Ukraine, a déclaré qu'il croyait qu'il allait effectuer un travail humanitaire dans le pays, mais que les Ukrainiens ont essayé de l'envoyer, lui et d'autres volontaires étrangers « comme chair à canon », dans la capitale assiégée de leur pays.
Dans un message adressé à d'autres Britanniques envisageant de suivre ses traces, il a prévenu qu'ils « finiront par être enrôlés, [les Ukrainiens] vous enverront sur la ligne de front en sachant que vous n'avez aucune expérience militaire - c'est une mission suicide ».
Les deux hommes disent avoir échappé à ce sort après avoir rencontré un vétéran de la Légion étrangère française qui leur avait dit sans détour que « 95% d'entre vous seront tués dans les jours qui suivront leur arrivée à Kiev » et les a persuadés de remonter dans leur bus et de repartir par où ils étaient venus.
Quelques heures à peine après que Walsh et Funnell eurent retraversé la frontière polonaise, ce qu’on appelle le Centre international de maintien de la paix et de la sécurité de Yavoriv, qui était censé les accueillir, a été pilonné par au moins 30 missiles de croisière russes, tuant plusieurs volontaires et renvoyant des dizaines de survivants en Pologne.
Si la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a initialement soutenu les Britanniques qui se portaient volontaires en Ukraine, le ministère de la Défense du pays a ensuite précisé que cette démarche était illégale, le ministre de la Défense, James Heappey, avertissant que « les Ukrainiens ont été clairs : dès que vous franchissez la frontière dans l'espoir de vous battre, vous y êtes pour de bon ».
« Les gens qui pensent qu'ils peuvent partir et faire quelques semaines, prendre quelques selfies, avoir quelques photos Instagram, puis rentrer chez eux - ce n'est pas ainsi que les Ukrainiens considèrent les gens qui vont se battre », a-t-il averti, pour souligner le fait que certains volontaires pourraient trouver que faire demi-tour comme l'ont fait M. Walsh et M. Funnell pourrait rapidement cesser d'être une option.
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